Camille
LE VOYAGE GUSTATIF
Paraît-il que le bonheur est dans l’assiette. Lorsque l’on évoque la cuisine italienne, ce sont Pizza, pasta, burrata, mozzarella qui nous viennent à l’esprit. La gastronomie italienne bénéficie d’une notoriété internationale et rayonne au-delà des frontières, ce qui lui vaut d’ailleurs d’être inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO.
En voyage, la découverte de la gastronomie fait partie intégrante de l’expérience interculturelle. Même pour les séjours de courte durée, il est difficilement concevable de choisir une destination de vacances sans goûter aux plats et aux produits typiques. Qu’il s’agisse du bacalhau au Portugal, de la moussaka en Grèce ou des dolmas en Arménie, chaque pays, chaque région a ses spécialités culinaires. Y goûter, c’est assimiler une partie de la culture et pouvoir en digérer ses différents aspects, couleurs et saveurs.
Dans quelle mesure la cuisine relève de la culture ?
La cuisine est une activité créative et créatrice car elle laisse place à l’imagination, transforme et donne vie. Elle répond à un besoin physiologique et transforme la faim en plaisir. En Italie, la dégustation s’effectue en 4 étapes : antipasti, primo piatto, secondo piatto, dolce, le premier plat étant composé de pâtes et le second de viande ou de poisson.
Au-delà d’un savoir-faire, la cuisine est l’expression d’une identité culturelle qu’elle fait rayonner à l’intérieur et au-delà des frontières. La nourriture est donc ambassadrice de la culture d'un peuple. Son pouvoir d’affirmation identitaire est d’autant plus grand que la nourriture provient des terres. La symbolique est donc identi-terre. Cette notion de racines évoque également la sphère familiale.
Elle fait écho aux repas de famille, aux recettes de grands-mères. En Italie, la cuisine relève d’un héritage et de traditions familiales. Qu'il s'agisse du déjeuner dominical ou de célébrations religieuses, la cuisine rassemble et nourrie les relations entre les membres de la famille. Son aspect émotionnel favorise un sentiment d’appartenance. Il ne suffit pas uniquement de savoir cuisiner de bons petits plats, il s’agit d’en comprendre la symbolique et d’en être l’héritier et l’ambassadeur.
« Nous sommes fiers de notre cuisine, car elle exprime qui nous sommes. Ce n’est pas seulement une question de goût et d’apparence. C’est toute une démarche, tout un processus qui raconte une histoire. Il faut choisir les bons ingrédients, puis il faut savoir les cuisiner pour en extraire « la substantifique moelle ». Savoir cuisiner demande bien sûr une maîtrise technique, mais c’est aussi l’expression de soi.
La cuisine est avant tout un acte généreux, authentique, qui selon moi ne laisse pas sa place au paraitre, mais à l’être. Je ne cuisine pas ce que je ne suis pas.
Je ne cuisine pas pour être apprécié, ou pour obtenir une reconnaissance.
Je cuisine pour partager et transmettre ce que je suis et ce que je sais. »
Nikolo, chef cuisinier
Comment s’exprime l’identité culturelle ?
La cuisine permet aussi l’expression d’une identité régionale. Dans le cas de l’Italie, les spécialités régionales sont nombreuses, le pays étant divisé en 20 régions dont l’indépendance est fortement marquée par une volonté d’avoir son propre dialecte et ses propres us et coutumes. Par ailleurs, un même plat sera cuisiné différemment selon les provinces. Ainsi, il faudra vous rendre en Lombardie pour déguster l’authentique Scalopina Alla Milanese, ou plus au sud direction la Sicile pour goûter aux Arancini.
« Ici, à Rome, je ne connais personne qui vous proposera de goûter aux Arancini sauf si c’est un restaurant qui fait dans le tourisme. Ce qu'il faut comprendre, c'est qu'on ne propose pas uniquement une expérience gustative, mais une histoire gustative. Pour moi, servir un plat n’a plus de sens lorsqu’il est sorti de son contexte.
Il en devient dénaturé. C’est un peu comme s’improviser boulanger quand on est pâtissier. Même si certains peuvent s’en sentir capables, les outils, la technique et les ingrédients ne sont pas les mêmes. »
La cuisine des migrations est également une illustration du voyage gustatif.
Les valises en voyage contiennent également quelques recettes dont le partage permet de donner naissance aux métissages culinaires. Dans ce contexte, il semble important de mentionner que la cuisine est un puissant vecteur d'intégration sociale. Nombreux sont les italiens ayant émigré en Europe et en Amérique en important la cuisine italienne avec eux : la salade César, les chicken parm ou encore la fameuse fondue d’anchois de la diaspora piémontaise adoptée par les argentins. Faire accepter et apprécier son patrimoine culinaire contribue ainsi à une intégration réussie.
Que pouvons-nous en retenir ?
Associée au prestige et au savoir-vivre, la cuisine distille avant tout des valeurs et des histoires dont la saveur ne peut être appréciée que par celui qui saura y goûter…
Buon appetito !
Bom apetite !
Bari axorjack !
Bon appétit !