Camille
LE VOYAGE DU RETOUR
Il m'arrivait souvent d'y penser, parfois d'y songer. Nous nous appelions une fois par mois. Ce jour-là, l'appel téléphonique a rejoint celui du cœur.
Il y a 3 ans comme si c'était hier.
Hier comme si c'était il y a 3 ans.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
De nouveau, me voilà, l'étrangère.
L'esprit de familiarité s'entremêle à l'absence de repères.
Aux côtés des paysages et des visages qui vous ont éveillés,
l'étrangeté n'a rien de plus familier.
Mon esprit s'évade durant le trajet qui nous mène vers le centre de la capitale.
Je me revois ici même il y a quelques années, insouciante et complètement paumée. Le temps s'écoule à mesure que les souvenirs se cristallisent, fragiles et précieux à la fois. Le chauffeur de taxi m'extirpe de mes pensées.
Hay es? Le voyage du retour peut commencer.
L'insouciance des jours passés laisse place à une nouvelle réalité.
Des changements se sont imposés et de nouveaux voyageurs sont arrivés.
Bars, restaurants et autres lieux de convivialité sont investis par une nouvelle amitié.
Nous nous sommes retrouvés en ce samedi après-midi au détour de la rue abovyan. Comme des enfants, nous nous sommes enlacés. Puis, nous avons repris la marche en direction du glacier, à mille lieues d'imaginer que l'enthousiasme de ces retrouvailles serait de courte durée.
Les nouvelles affluent au réveil, les offensives ont repris après deux années de répit. Les villages et les lieux de villégiatures sont ciblés. L'inquiétude et la lassitude se lit sur les visages. Une partie de la ville devient silencieuse, l'autre continue au rythme de l'été. L'Arménie est attaquée, une réalité à laquelle ses habitants se sont habitués.
Me voilà à Artashat dans la famille de Lusine. Nous y passerons quelques jours en suspens à se remémorer les bons moments. Petits plats dans les grands, nous nous attelons à l'art du dolma et nous préparons la table pour le dîner. Nos yeux se posent sur ce petit prince, insouciant et persévérant. Dans son regard renaissent les espoirs envolés.
L'heure des au revoir est arrivée, il est temps de reprendre la route en direction d'Erevan et d'y retrouver quelques visages familiers.
Partir pour mieux revenir, revenir pour mieux partir.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Il y a 3 ans je répondais pourquoi pas.
À présent je répondrai qu'il n'y a qu'un pas.
Rien ne sert de s'enivrer du passé, lorsque le présent vient vous rappeler,
que l'histoire peut continuer.