Camille
L'ART D'AIMER
L’Amour à l’italienne, quel vaste et passionnant sujet … Frédéric François l’avait compris. Amoureux de l’amour, nos voisins italiens le sont dans leur manière de parler, de s’exprimer, de se comporter, d’être. Sans tomber dans une approche stéréotypée en se référant aux images préconçues attribuées à Casanova,
l’art et la manière de séduire à l’image de la sérénade ne relève pas uniquement de l’imaginaire collectif. Lorsqu’ils s’adressent à leur interlocuteur, nos voisins italiens savent manier les mots en y ajoutant une touche d’élégance mélodieuse et poétique. La séduction ne se limite pas aux relations sentimentales, elle relève d’un art de vivre. Ainsi, les différences culturelles s’appliquent aussi à la manière d’aimer et d’être aimé. Chaque pays, chaque culture, a sa propre conception de l’amour,
sa propre manière d’aimer. Lorsque l’on voyage, c’est une nouvelle version culturelle de la carte de Tendre qui se déroule sous nos yeux.
Qu’est-ce que l’amour ? Comment aimer ? Y a-t-il un art d’aimer ?
Lors de mon premier voyage à l'étranger, j’ai fait la rencontre du livre d’Erich Fromm, « The art of loving », dans un joli bar-bibliothèque. Ce dernier était disposé tout en haut d’une pile d'ouvrages située à côté de la piste de danse. À défaut d'avoir permis à d'autres personnes de découvrir ce magnifique essai que j’ai discrètement glissé dans mon sac en toile ce soir-là, il aura au moins le mérite d’introduire cet article. Cet ouvrage propose une approche psychologique et philosophique de l’amour.
Il permet de s'ouvrir à la notion d'amour et à ses différentes formes d'expression. Aussi, de façon plus personnelle, il nous confronte à notre manière d'aimer et nous donne des clés de compréhension quant à l'origine de nos comportements et de nos choix sentimentaux.
La première partie s’attache à définir la notion d’amour et les différentes formes qui y sont relatives : l’amour fraternel, l’amour maternel, l’amour érotique, l’amour de soi, l’amour de Dieu. C’est une introduction intéressante qui permet une approche holistique de l’amour, mais également une entrée plus personnelle dans le sujet,
car chacune des dimensions évoquée fait écho à notre intimité.
La deuxième partie de cet essai questionne notre manière d’aimer, en l’intégrant au sein de la société dans laquelle nous évoluons. Une société consumériste, à laquelle notre vie sentimentale n’échappe pas. L’amour n’est plus appréhendé comme un état d’être, mais comme un état d’avoir. En conséquence, la majeure partie d’entre nous sommes dans une démarche passive et égotique : vouloir être aimé, rencontrer la bonne personne, tomber amoureux. Hors, l’auteur nous rappelle que l’amour n’est ni passif, ni subi. Il s’agit au contraire d’un état actif qui s’exprime et se développe de l’intérieur.
Ça veut dire quoi aborder l’amour comme un état d’avoir ?
Aborder l’amour comme un état d’avoir, c’est en accentuer ses formes névrotiques :
Parmi elles, l’amour inconditionnel, l’amour idolâtre, l’amour sentimental, l’amour projectif.
Il y a ceux qui s’aiment à travers l’autre, ceux qui s’oublient dans l’amour de l’autre.
Il y a ceux qui aiment platoniquement, par procuration, à défaut de ne pouvoir l’expérimenter dans la matière.
Il y a ceux qui projettent leurs imperfections et leurs défauts sur autrui pour éviter de faire face à leur intériorité.
Il y a ceux qui ont peur de s’ouvrir à une relation qui sort de leur système de référence.
Il y a ceux qui projettent leurs désirs et leurs envies à défaut de pouvoir atteindre la complétude par eux-mêmes.
Il y a ceux qui sont un peu de tout ça.
Mais alors, comment appréhender sereinement l’expérience de l’amour ?
Selon Erich Fromm, trois principes essentiels définissent l'amour véritable :
L’amour se traduit par la faculté d’aimer, non par l’objet de l’amour.
L’amour consiste à donner à autrui, de façon désintéressée.
L’amour est un état d’être et non d’avoir.
Aimer, cela commence donc par faire alliance avec soi-même.
Puis, il ne s’agit pas de chercher un partenaire pour remplir un besoin,
mais simplement pour être un partenaire, un compagnon de vie.
Enfin, l’expérience est véritable lorsque la personne que nous aimons apprécie, partage et nous renvoie notre manière d’aimer.
« L’amour ne commence véritablement à s’épanouir que lorsqu’il s’attache à ceux qui ne remplissent aucune fonction à notre égard ». Erich Fromm
Qu’en est-il dans la pratique ?
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